Le plus difficile avec le matelotage, c'est de trouver du cordage correspondant à ces envies ou à ces idées. On passe d'un magasin d'accastillage à un autre, d'un cordier à l'autre, on stock des
caisses entières de bouts, mais on ne trouve jamais réellement ce que l'on veut. C'est pourquoi je me suis lançé dans la fabrication de mes propres cordages, de tout petit diamètres, grâce à un
métier à corder miniature de ma confection. Certains y verront des signes avancés de nodopathie, moi j'y vois de l'autosuffisance ! Mon idéal serait de cultiver du chanvre, de filer, et de
fabriquer mon propre cordage, mais, bon, là, faut pas trop rêver non plus.
Pour réaliser mon métier à corder, je suis retourné chez mes parents pour récupérer mes boites de mécanos. Eh, oui, faut rien jeter...
Je connaissais parfaitement le processus de fabrication d'un cordage, j'avais vu des tas de machines (tailles réelles) différentes, j'ai pris contact avec des modélistes également, avant de me
lancer dans la fabrication de ce métier à corder. Il s'agit de la première version, j'ai quelques modifications à faire encore dessus.
Grâce à ce petit appareil, je me peux me fabriquer des cordages de 1.5mm, 2, ou 3mm de diamètres, sur une longueur de 2m environs. Je n'ai rien inventé, puisque beaucoup de modélistes utilisent
des machines similaires à celle çi. J'en ai même vu une fabriquée en légos !
Un métier à corder est constitué de deux parties : une fixe (le chantier), l'autre mobile (le caret).
Sur le chantier, on trouve de un à six crochets....
... entrainés par une manivelle. Pour le mien, j'ai choisi un système d'engrenages.
Attention. Avec des engrenages, il faudra tourner dans le sens inverse de celui que l'on veut tordre les fils.
Le caret est muni d'un seul crochet, mais l'idéal est un émérillon. Pour le mien, je l'ai relié à une manivelle.
Même s'il est mobile, le caret doit être freiné par du poids. C'est cette résistance qui fait s'enrouler les torons les uns sur les autres. C'est pourquoi j'y ai ajouté ce caisson pour y mettre
du poids.
Pour les poids proprements dits, j'ai opté pour des vieux plombs de ceintures de plongée.
Il vous faudra également un petit toupin (merci Loic !). Ce petit appareil conique est crucial dans la fabrication de votre cordage, puisqu'il sert à séparer les faisceaux de fils et les torons.
Il a autant de raignures que de crochets sur le chantier.
Le chantier ne doit pas bouger durant l'opération, donc il faut le fixer sur la table.
On met du poids dans l'autre partie....
Maintenant il s'agit de disposer les fils. On peut utiliser n'importe quel fils, mais avec l'expérience, on s'appercoit que certains se toronnent mieux que d'autres. On attache le fil à un
premier crochet, et on fait une série d'allers retours entre le chantier et le caret. Plus on met de fils par crochets, plus le diamètre sera important.
On place le toupin...
...et on commence à tourner la manivelle. L'objectif est d'augmenter la torsion des fils.
Les fils ne font plus qu'un : se sont les torons.
Lorsque la torsion est suffisante (et dites vous qu'il vous faudra en faire un bon paquet avant de savoir exactement quand est-ce que c'est suffisant !), les torons s'enroulent les uns sur les
autres. Dans mon cas, c'est moi qui fait tourner le crochet.
Et voici le résultat, un petit cordage en lin, de 2mm de diamètre.
On peut également insérer une autre couleur, ou un fil doré...
On peut aussi faire passer une âme au centre, un fil métallique par exemple, pour rigidifier l'ensemble. C'est comme ceci que j'ai réalisé les alliances de mariages que vous avez pu découvrir
dans un article précédent.